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Pauline Boutevillain : “Le seul moyen d’expression que j’avais c’était le cinéma”

Lola Talbot 24 novembre 2020
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© Axel Plantec

Étudiante en cinéma, Pauline se découvre une passion pour le septième art au détour d’un tournage qui fait irruption sur son chemin. Si c’était le pitch d’un film, l’arrivée de cette jeune réalisatrice prometteuse dans le monde du cinéma ressemblerait à ça, à quelques détails près. Elle nous raconte ici son cinéma, ses études, son rapport à la musique et ses projets.

Bonjour Pauline, peux-tu te présenter brièvement ?

Bonjour, je m’appelle Pauline Boutevillain, j’ai 21 ans et je suis en 3e année d’études de cinéma à Rennes. Je suis arrivée dans le cinéma par hasard suite à une proposition de rôle dans un court métrage étudiant à Rouen. J’y suis allée et j’ai compris que c’était ce que je voulais faire, du moins que je voulais évoluer sur des tournages. J’ai commencé en tant qu’actrice puis j’ai découvert d’autres métiers, dont la réalisation.

Quel a été ton premier projet en tant que réalisatrice ?

J’ai réalisé Corps ou Esprit en 2018, un court métrage test afin de savoir si c’était un métier pour moi. Je ne suis absolument pas satisfaite du résultat. C’est un scénario que j’ai écrit en une heure. C’est un film qui parle de l’acceptation des genres, de ce qu’on peut ou non ressentir. Le sujet est compliqué à traiter. De plus, mon scénario n’était pas abouti. Le tournage a duré seulement deux jours. J’ai eu beaucoup de soucis au montage. Tout ça pour vous dire que même si le résultat n’est pas au rendez-vous, c’est un projet qui n’a pas altéré mes envies de réaliser, bien au contraire. C’est de ses erreurs qu’on apprend, pour toujours faire mieux. Par contre, je ne le regarde plus (rires).

Puisque tu es en études de cinéma, as-tu eu l’occasion de participer à des projets par ce biais ?

Oui en effet, il y a eu notamment le projet remake d’une scène de Mme. Doubtfire, mais je ne réalisais pas, je jouais. C’était plutôt drôle mais pas très sérieux. Encore une fois, je ne suis pas satisfaite, particulièrement de mon jeu. Mais même les projets que je n’aime pas, je les assume parce que ce sont des expériences formatrices.

Considères-tu que les études de cinéma sont plus difficiles à entreprendre que d’autres ?

Sincèrement, je ne crois pas. Le milieu du cinéma peut faire peur parce que ce n’est pas un milieu d’études “classique”. Et ça peut effrayer notre entourage (rires). Mais la difficulté c’est quelque chose d’assez personnel, qui dépend du travail de chacun et de son implication. Pour donner un exemple, mes cours sont très théoriques mais plus j’avance et plus je me rends compte qu’il y a des choses qui me servent énormément sur mes tournages. C’était le cas lorsque nous avons évoqué la matière avec la fumée à l’écran en cours de théorie du cinéma, j’étais totalement perdue. Mais aujourd’hui, je comprends grâce à la mise en pratique.

© Hugo Gohier

Tu t’impliques beaucoup dans tes projets mais aussi dans les festivals n’est-ce pas ?

Tout à fait, depuis janvier 2018 je suis bénévole au Festival Premiers Plans d’Angers. J’y ai débuté en médiation culturelle pour les jeunes publics. Puis je me suis occupée de l’accueil des professionnels. Et dernièrement j’étais en régie, un poste qui me plaît et où l’on crée des liens avec l’équipe. C’est toujours sympa de rencontrer des passionnés. Avant ça, j’ai commencé le bénévolat à 17 ans au festival de musique Du Rock et des Vaches. Et depuis 2019, j’en suis membre organisatrice.

Si tu devais faire un choix alors : festival de cinéma ou festival de musique ?

Honnêtement, je ne peux pas choisir. Déjà au niveau de l’ambiance, ce sont deux mondes à part. Mais j’aime autant les deux. Ils regroupent des personnalités différentes que je connais depuis plusieurs années. Dans les deux cas, j’apprécie de travailler avec eux. Je suis d’ailleurs en train de monter un festival hybride mais vous n’en saurez pas plus pour le moment. Ce projet me tient à cœur et j’ose espérer qu’il verra le jour, même si les conditions sanitaires actuelles ne permettent pas d’entreprendre grand chose…

Tu choisis de travailler dans un festival de musique, cette dernière doit donc avoir une place importante dans ton travail ?

Oui c’est indéniable, dans les films que je réalise, la musique est primordiale. Mon premier film a été écrit autour de la musique. Le second en est composé à 98%. Après, je pourrais réaliser un film sans musique mais je laisserais sans conteste une place importante au son. Dans mon film Il y a ceux qu’on aime, on avait le matériel pour enregistrer le son, on a fait des prises son mais il n’y avait pas de dialogues. C’était vraiment un jeu sur les émotions, sur l’image et l’éclairage.

De quoi traite Il y a ceux qu’on aime, que tu viens d’évoquer ?

Ce film retrace une histoire vraie, une histoire que j’ai vécue. On remonte en août 2018. Je perds deux amis très proches dans un accident de la route alors qu’ils étaient en soirée. Aujourd’hui encore, les détails sont flous mais on retient la chose suivante : deux survivent miraculeusement et deux perdent la vie. Je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose et que le seul moyen d’expression que j’avais c’était le cinéma. J’ai donc proposé un film de prévention routière sur les risques en soirée, l’alcool. Le message est simple : prendre un risque c’est laisser des proches derrière soi. C’est aussi un film hommage.

Pour terminer, est-ce que tu as des projets à venir dont tu souhaiterais nous faire part ?

Oui, je suis actuellement en post-production d’un clip de rap qui verra bientôt le jour. Je suis aussi en pleine écriture d’un nouveau court métrage sur le thème de la mort et de l’esprit. Je prépare également un beau projet sur le handicap moteur, un sujet qui m’est familier puisqu’il touche une amie très proche. J’avais déjà réalisé un court documentaire sur l’accessibilité dans le métro parisien pour dénoncer une vraie injustice, une honte. Je le redis ici mais à Paris sur 303 stations, seules 9 sont accessibles aux personnes à mobilité réduite. À ce documentaire s’ajouterait un long métrage sur l’acceptation des autres face au handicap moteur. Nous l’avons mis en stand-by pour le moment parce que c’est un projet très ambitieux donc on va prendre notre temps pour bien le réaliser. On espère pouvoir le faire produire. Viendra s’y greffer un portrait de cette amie. Le tout donnera un triptyque sur ce thème. Enfin, je viens de tourner dans une publicité pour la marque de chips bretonne Bret’s, qui sera diffusée en ligne.

En cette sombre période, pourrais-tu nous proposer une liste de musiques et de créations audiovisuelles ?

En ce qui concerne la musique, j’ai pas mal écouté les titres suivants dernièrement :

  • MGMT – Me and Michael
  • Oasis – The Hindu Times
  • Nirvana – All Apologies
  • Les Louanges – DMs
  • Jérôme 50 – Sexe, drogue, ceri$e$ & rock n roll
  • The Seasons – Kitsch Trick
  • Forest Boys – Cosmic Time
  • Hubert Lenoir – Recommencer
  • Syd Matters – I might float
  • The Zombies – Just Out Of Reach

Et pour les films et séries, je recommande ceux-ci :

  • Versailles – Simon Mirren et David Wolstencroft
  • Vikings – Michael Hirst
  • Dix pour cent – Fanny Herrero
  • Le crime était presque parfait – Alfred Hitchcock
  • Bonnie and Clyde – Arthur Penn
  • Mustang – Deniz Gamze Ergüven
  • Requiem for a dream – Darren Aronofsky
  • Sinister 2 – Ciarán Foy
  • Zoo – Frederick Wiseman
  • RRRrrrr !!! – Alain Chabat

 

Retrouvez le travail de Pauline sur son site internet.

Propos recueillis par Lola Talbot

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